Maintenir des lieux
à vocation culturelle
Député de Paris, Vice-président de la Commission des Affaires Culturelles et de l’Education, Pierre-Yves Bournazel promeut la lecture sur papier. Pour le Magazine Culture Papier et la Commission Malraux, Patricia de Figueiredo s’est entretenu avec le candidat à la Mairie de Paris
Quel est votre rapport et vos usages du papier ?
Je suis attaché aux livres papier. Ils permettent un rapport charnel, physique. j’aime les corner, les souligner. La lecture sur papier permet une liberté plus grande. J’ai essayé de lire sur une tablette mais je n’y suis pas arrivé. Au niveau de l’écriture, nous fonctionnons beaucoup par mail. Cependant aux gens qui m’écrivent des lettres, je me fais un devoir de leur répondre de façon manuscrite. Personnellement, je prends des notes à la main. Ma pensée se forme plus facilement au rythme du stylo. ll est démontré qu’il faut savoir écrire soi-même, former les lettres avec son stylo.
Quel regard portez-vous sur la politique du ministre de l’Éducation nationale, jean-Michel Blanquer et notamment sa volonté de faire de l’apprentissage de la lecture une priorité ?
L’essentiel est l’orientation générale, c’est-à-dire l’apprentissage des fondamentaux que je soutiens. L’école, c’est l’égalité des chances. Sans fondamentaux, les enfants ne peuvent pas avoir la capacité de réussir dans l’enseignement secondaire et dans leur vie professionnelle. Lire, écrire, compter, nécessite de donner plus au départ à ceux qui ont moins. Le dédoublement des classes, dans les cours élémentaires premières années dans les zones prioritaires d’éducation renforcée, puis dans les zones prioritaires est une bonne démarche.
Des associations comme « Lire et faire lire » sont utiles ?
Nous avons besoin de ce type d’associations, de soutiens scolaires, à tous les âges de la vie. Vous avez des personnes qui arrivent en France qui ne maîtrisent pas la langue. Or sans la langue, il n’y a pas d’intégration possible, ni de voisinage, ni sur le marché du travail, ni de comprendre les valeurs d’un pays. À titre d’exemple, dans ma circonscription aux portes de Montmartre, s’est déroulé en avril le Salon du livre pour la jeunesse solidaire avec un éditeur qui vend des livres à 80 centimes. C’est une porte d’entrée à la lecture pour tous. je soutiens ce type d’initiative citoyenne. Tout comme le travail de Biblionef. Apprendre c’est comprendre, comprendre c’est accepter les différences.
Les bibliothèques de Paris sont ouvertes 38 heures par semaine à Paris, vous souhaitez des plages horaires plus larges ?
À titre de comparaison, elles ouvrent 78 heures à Londres, 98 heures à Copenhague, 88 heures à New-York. ll est évident qu’il est nécessaire d’ouvrir plus tard le soir, le dimanche. J’ai suggéré également qu’il soit possible aux primo-arrivants ou à des personnes adultes qui ne maîtrisent pas ou peu la langue française de recevoir du soutien dans l’apprentissage.
On accuse le papier de détruire la forêt, pourquoi cette méfiance envers cette matière ?
Cela dépend de quel type de papier. ll y a eu dans le passé des abus, je pense que cela vient de là. Mais désormais, ll existe un papier équitable. ll doit y avoir un effort d’information et de pédagogie. ll ne faut pas hésiter à utiliser la version papier, respectueuse de l’environnement.
Les kiosques à Paris, et plus généralement les marchands de presse, sont un maillon essentiel dans le tissu de proximité, quelles démarches devrait-on entreprendre pour les soutenir ?
Il faut leur permettre de devenir des entrepreneurs. Ils doivent pouvoir continuer à diffuser de la presse quotidienne, des magazines, dans la diversité et la pluralité nécessaire à la démocratie. ll faut leur permettre dans leur point de vente d’élargir leurs offres car malheureusement ils ne peuvent plus vivre seulement de la vente de la presse.
Les librairies aussi peuvent être menacées…
La dernière enquête de l’APUR pointe la disparition de 152 points de vente des librairies-marchands de journaux entre 2014 et 2017. C’est un recul inquiétant. Il est essentiel de les défendre et notamment, dans le cadre du projet de la diversification commerciale, c’est-à-dire dans certains quartiers où s’est installé de la mono-activité. Nous devons, par un volontarisme politique, créer des zones protégées avec des portions de rues qui permettent de remettre des activités à vocation culturelle et notamment des librairies, en particulier dans les quartiers populaires où il ne reste plus rien. De même, dans des quartiers plus favorisés, il faut des locaux préemptés ou à loyers modérés pour éviter que les grandes enseignes ne monopolisent les pas-de-porte. Faire vivre des lieux de culture dans chaque quartier, c’est l’essence même de Paris.
Propos recueillis par
Patricia de Figueiredo